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Dérivée du mot latin urtica qui signifie « ortie », l’urticaire est une dermatose inflammatoire fréquente. Ainsi, 15 à 25 % de la population en souffre un jour ou l’autre au cours de sa vie.1, 2 En termes de prévalence, l’urticaire a tendance à être plus fréquente chez les adultes que chez les enfants ; et chez les adultes, elle s’observe principalement chez les femmes, avec un pic entre 30 et 50 ans.1 D’un point de vue clinique, l’urticaire se traduit par l’apparition de plaques rouges et de démangeaisons au niveau de la peau. Ces plaques sont constituées de papules prurigineuses rouges ou rosées, arrondies, en relief et bien délimitées.
D’un diamètre de quelques millimètres, ces lésions peuvent migrer et fusionner pour former des plaques pouvant atteindre plusieurs centimètres.1 Si l’éruption touche généralement la surface de la peau, elle peut également s’étendre en profondeur (lèvres, muqueuses respiratoire et digestive, tissu sous-cutané…).
On parle alors d’angiœdème (lésions boursouflées).1, 2 L’urticaire peut être classée selon sa durée d’évolution. On distingue ainsi l’urticaire aiguë si l’éruption dure quelques heures voire quelques jours et l’urticaire chronique si elle persiste plus de 6 semaines.1, 2 D’un point de vue microscopique, l’urticaire est due à l’activation des mastocytes. Et ce phénomène peut être causé par de multiples agents déclencheurs, allergiques ou non allergiques.3
L’urticaire allergique est associée à un terrain atopique et ne représente qu’une minorité des urticaires. Elle est définie comme la conséquence de l’activation du mastocyte par des effecteurs de l’immunité spécifique, notamment les IgE spécifiques.4 Le contact avec l’allergène (médicament, aliment, venins d’hyménoptères, latex…) intervient 1 à 2h avant l’éruption cutanée.2 Ces urticaires allergiques sont des urticaires aiguës et explosives. Elles sont très souvent associées à une activation mastocytaire généralisée (prurit palmo-plantaire, dyspnée, hypotension artérielle, douleurs abdominales…) pouvant conduire, dans de rares cas, à un choc anaphylactique potentiellement mortel.2, 3
L’urticaire non allergique correspond quant à elle à la forme d’urticaire la plus fréquente.3 Et à la différence de la forme allergique, elle est indépendante d’une réponse immunitaire humorale ou cellulaire spécifique.4 Des substances endogènes et exogènes vont alors stimuler, de manière non spécifique, les mastocytes qui possèdent à leur surface de nombreux récepteurs : des récepteurs à certains neuromédiateurs ou neuropeptides, des récepteurs aux fragments du complément C3a et C5a, des récepteurs Toll-like capables de lier certains microorganismes, des récepteurs aux opiacés, aux chimiokines et aux cytokines, ou encore des récepteurs PAR-1 activés par la voie extrinsèque de la coagulation.4 L’ensemble de ces récepteurs peut donc être activé par de nombreux stimuli non allergéniques tels qu’une activation mécanique (pression), un phénomène physique (chaud, froid), un contact avec un neuromédiateur (stress) ou un microorganisme (bactérie, virus, parasite) ou encore une action chimique directe d’une substance (médicament, aliment…).2, 3
Contrairement aux idées reçues, l’urticaire n’est pas toujours liée à une allergie. Celle-ci est une cause rare de l’urticaire aiguë et n’est pratiquement jamais retrouvée dans l’urticaire chronique. Le principal traitement de l’urticaire, aussi bien dans sa forme aiguë que chronique, fait appel aux antihistaminiques de 2e génération qui améliorent de façon significative les symptômes.2 La mise en place d’une corticothérapie n’est pas recommandée en raison d’un risque de corticodépendance et des nombreux effets secondaires qui y sont associés.2 Enfin, des études complémentaires sont actuellement en cours pour évaluer la place de certains traitements immunomodulateurs dans le parcours de soins du patient.2
L’urticaire est une dermatose inflammatoire fréquente, caractérisée par la présence de papules éphémères et/ou d’angiœdème. L’urticaire peut être favorisée par des facteurs physiques (froid, chaleur, stress...), une infection, l’ingestion de certains aliments, une allergie de contact (latex…) ou encore la prise de certains médicaments.
Pr Pascal DEMOLY Lire PlusL’urticaire est une affection cutanée courante. La forme chronique touche près de 1 % de la population générale et impacte de façon significative la qualité de vie des personnes concernées. L’urticaire chronique spontanée (UCS) peut survenir à tout moment. Certains patients associent donc fréquemment l’alimentation, la prise de médicaments ou la réalisation de certaines activités comme facteurs déclenchants.
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