Le dossier du moment
À l’heure actuelle, la pollution de l’air extérieur est un enjeu de santé publique majeur, faisant l’objet d’un suivi régulier et attentif. Cependant, la notion de pollution ne se limite pas seulement à l’extérieur. Arrêtons-nous donc un instant sur la qualité de l’air intérieur qui reste un sujet encore trop confidentiel pour bon nombre d’entre nous. Pourtant, nous passons près de 90 % de notre temps dans des espaces clos (logements, bureaux, transports…)1.
Et les derniers chiffres sont sans appel : la pollution intérieure est responsable d’environ 20 000 décès et son coût est estimé à près de 19 milliards d’euros1. Face à cette menace, de nombreux produits purifiants (anti-allergènes, anti-acariens, antibactériens) ont fait leur apparition dans notre quotidien. Mais contrairement aux idées reçues, ces sprays, diffuseurs et autres aérosols sont loin d’assainir notre intérieur et vont plutôt contribuer à augmenter la pollution intérieure.
Longtemps éclipsée par la science moderne, l’aromathérapie, c’est-à-dire l’utilisation d’huiles essentielles à des fins thérapeutiques, a de nouveau le vent en poupe grâce à la dernière tendance grand public qui prône un retour à la nature. Composées d’extraits naturels de plantes, les huiles essentielles ont des propriétés multiples (insecticides, antifongiques, antibactériennes…)2, et le marché de l’aromathérapie atteint aujourd’hui des sommets puisque les derniers chiffres estiment que le volume des ventes en pharmacie avoisine les 175 millions d’euros en 20173. Cependant, bien que naturelles, les huiles essentielles ne sont pas pour autant dépourvues de risque.
En effet, ces dernières diffusent dans l’air des composés organiques volatils (COV), qui peuvent aggraver les symptômes des patients rhinitiques ou asthmatiques2. Citons notamment le limonène, un hydrocarbure terpénique naturellement présent dans les agrumes, que l’on retrouve dans de nombreux sprays à base d’huiles essentielles. À ce titre, une étude a récemment démontré que l’utilisation d’huiles essentielles par pulvérisation entraîne une augmentation des concentrations aériennes de COV totaux et de limonène, supérieures aux normes. Dans le cas du limonène, la limite d’exposition à courte durée est fixée à 450 µg.m-3. Les concentrations mesurées suite à l’utilisation de ce spray sont largement supérieures à cette valeur seuil2.
Des travaux complémentaires ayant mis en évidence une corrélation entre concentration de limonène et hyperréactivité bronchique, l’utilisation de sprays contenant des huiles essentielles n’est pas recommandée chez les patients asthmatiques4.
Et si les huiles essentielles jouent un rôle dans la dégradation de la qualité de l’air que nous respirons, les COV sont également retrouvés dans la grande famille des produits ménagers.
Une étude publiée début 2018 a ainsi évalué les conséquences à long terme de l’exposition à des produits d’entretien sur la santé respiratoire5. Cette analyse, menée chez plus de 6 000 personnes, a mis en évidence que l’exposition régulière à certains produits ménagers entraînerait, sur le long terme, un déclin des fonctions respiratoires semblable à celui d’une personne ayant fumé un paquet de cigarettes par jour pendant vingt ans5. Les résultats montrent également que l’asthme serait plus prévalent chez les femmes faisant du ménage à domicile (12,3 %) ou dans un cadre professionnel (13,7 %) par rapport à celles qui en étaient exemptes (9,6 %)5.
Plusieurs types de polluants peuvent donc être présents dans l’environnement intérieur, avec des origines diverses et des conséquences plus ou moins importantes sur la santé. Bien identifier ces polluants et adopter les bons gestes au quotidien est donc essentiel, afin de limiter la pollution intérieure et de préserver la santé respiratoire.
Les inhibiteurs de l’amylase ou de la trypsine présents dans certaines céréales utilisées pour la fabrication peuvent également être responsables de réactions allergiques à certaines bières artisanales.
Pr Frédéric DE BLAY Lire PlusLa tomate, reconnue pour sa teneur en micro-nutriments bénéfiques pour la santé, peut être à l’origine d’allergie.
Pr Frédéric DE BLAY Lire PlusAnalyse statistique des conversations faites sur le Web.
Lire PlusDocuments d’après les recommandations de l’EAACI (European Academy of Allergy and Critical Immunology)
.pdf | 848,65 KB
Voir Télécharger