Le dossier du moment
À l’heure où les professionnels de santé, les organisations de santé, l’industrie pharmaceutique et la société toute entière doivent faire face à l’allongement de l’espérance de vie, au vieillissement de la population et à la prévalence grandissante de certaines maladies chroniques, le développement de nouvelles technologies prend tout son sens.
Parmi ces innovations, citons la place grandissante du Big Data. Mais le Big Data c’est quoi ? Ce terme désigne la masse grandissante de données disponibles, et la possibilité d’en extraire des informations grâce à une puissante capacité de calcul informatique.
Et si le Big Data a déjà fait ses preuves dans le domaine de la finance ou de la politique, les progrès scientifiques conjugués aux progrès numériques ont suscité un intérêt accru pour l’utilisation de ces données dans le domaine de la santé1. Ainsi, les moteurs de recherche comme Google® ou le réseau social de microblogage (brefs messages) Twitter® peuvent contribuer à évaluer des variations « épidémiologiques » en relation avec un contexte local, régional ou national.
Google Trends®, un portail en ligne accessible gratuitement détaille la fréquence et la répartition géographique de termes de recherches (requêtes), dans les régions du monde sélectionnées, et sur une période donnée2. L’utilité de ce moteur de recherche a été reconnue pour l’étude des tendances épidémiologiques de certaines maladies2, 3. En ce qui concerne les maladies allergiques, plusieurs études ont mis en évidence que la survenue d’orages exposait les individus allergiques, le plus souvent atteints d’allergies polliniques, à des crises d’asthme sévères, et que ces épisodes étaient responsables d’une augmentation de la fréquentation des services d’urgences3. Les dernières « épidémies » d’asthme lié à l’orage ont été recensées fin 2016 en Australie et au Koweït.
À ce titre, une étude récemment publiée a utilisé Google Trends® pour comparer les recherches liées à l’asthme, l’allergie et la rhinite dans plusieurs pays au cours des dernières années, afin d’évaluer si Google Trends® pouvait être le reflet des variations de la prévalence de l’asthme en Australie et au Koweït3. En se basant sur des mots clés spécifiques, tels que « rhinite », « rhinite allergique », « asthme » ou « pollen », l’étude a clairement démontré que Google Trends® retrouvait une corrélation entre l’augmentation significative des requêtes concernant le terme « asthme » et ces « épidémies » d’asthme associé à la survenue d’orages3.
Twitter® et les réseaux sociaux peuvent également jouer un rôle dans la surveillance des maladies allergiques et des tendances de consommation de médicaments antihistaminiques4. L’analyse de ces réseaux fournit des données qui peuvent permettre d’évaluer et de surveiller l’état de santé de la population en temps réel. Une étude américaine a ainsi mis en évidence une corrélation entre la période pollinique et la publication de tweets rapportant un épisode de rhinoconjonctivite allergique ou une consommation des médicaments antihistaminiques4. Les résultats montrent également que la publication de ces tweets est parallèle aux 3 périodes polliniques : début du printemps (pollens des arbres), printemps (pollens de graminées), et fin de l’été (ambroisie)4.
Internet est donc une source indirecte d’informations sur la santé de la population. Les termes « infodémiologie » et « infoveillance » ont d’ailleurs été inventés pour décrire cette nouvelle approche de la santé publique, basée sur le suivi et l’exploration des données issues d’internet. Cependant, à l’heure actuelle, les avancées numériques et les transformations sociales résultantes de ces innovations suscitent enthousiasme, débats et controverses, tant sur leur portée que sur les opportunités ou les risques qu’elles engendrent. Et bien que les Big Datas soient une perspective intrigante et prometteuse, cette source d’information non exempte de nombreux biais ne peut se substituer aux efforts des organisations de santé publique et des cliniciens pour obtenir des données épidémiologiques « réelles » mais peut contribuer à l’épidémiologie par la rapidité des variations observables.
300 millions de personnes sont asthmatiques dans le monde, dont 4 millions en France. Dans 80% des cas une cause allergique est retrouvée.
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Pr Philippe DEVILLIER Lire PlusAnalyse statistique des conversations faites sur le Web.
Lire PlusMémo pratique à l'usage du praticien
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Voir TéléchargerUn objet connecté rapide et portable pour la détection des allergènes alimentaires.
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