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Ces 20 dernières années, la prévalence des pathologies allergiques respiratoires comme la rhinite allergique saisonnière et l’asthme a pratiquement doublé dans les pays industrialisés1. Et si une part de cette augmentation peut être due à un diagnostic amélioré, la prévalence des maladies allergiques a véritablement progressé avec l’industrialisation et l’adoption d’un style de vie « occidental ».
En effet, il est désormais admis que les activités humaines influent sur notre environnement, notamment sur la biodiversité et la qualité de l’air à l’échelle locale, régionale et mondiale. Il ne faut donc pas négliger l’impact aggravant de l’élévation des températures et de la présence de polluants chimiques dans l’atmosphère sur la survenue des maladies allergiques.
Si les pollens sont responsables de symptômes allergiques parfois invalidants, ceux-ci peuvent être renforcés par les conditions météorologiques et la pollution atmosphérique. Le réchauffement climatique agit alors comme un cofacteur de l’allergie en modifiant le début et la durée des périodes polliniques, en augmentant le potentiel allergisant des pollens ou encore en potentialisant la réaction allergique1.
Le réchauffement climatique est principalement observé via l’élévation des températures. Ce phénomène, à l’origine des hivers cléments des dernières années, a pour conséquence la perturbation des saisons polliniques : les pollens apparaissent dans l’air avec quelques semaines d’avance et persistent plus longtemps1-3. Ainsi, certains pollens (cyprès, frêne…) sont retrouvés sur une période qui s’étend de janvier à mi-mai4. Le réchauffement climatique va aussi modifier la répartition géographique de certaines plantes allergisantes et par conséquent faire émerger de nouvelles allergies dans de nouvelles régions.
En parallèle, il a été démontré que l’élévation des températures et l’augmentation de la pollution atmosphérique augmentaient la quantité d’allergènes présents dans les grains de pollens et leur capacité à se libérer dans l’air, ce qui a pour conséquence de majorer leur allergénicité. De plus, si le réchauffement climatique est classiquement défini par une élévation des températures, il peut également se manifester par une augmentation de l’intensité et de la fréquence des évènements météorologiques (tempêtes, orages…). Ces phénomènes favorisent l’accumulation de pollens près du sol, et donc par conséquent près de nos yeux, notre nez et nos poumons. Les fortes pluies projettent ces pollens sur des surfaces dures (sols, murs, arbres), provoquant alors la fragmentation des grains et la libération de leur contenu.
Des études ont ainsi montré que chaque grain de pollen pouvait libérer jusqu’à 700 particules amylacées très allergisantes et très fines, qui peuvent alors pénétrer plus facilement et plus profondément dans les poumons, et donc augmenter la sévérité des symptômes avec exacerbations d’asthme5. Les patients touchés pendant ces phénomènes sont pour la plupart non connus pour être des asthmatiques, rendant difficile la prévention individuelle de ces événements. Enfin, les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire ne se limitent pas seulement à des effets indirects sur les pollens. Les polluants anthropiques peuvent également agir directement sur les voies respiratoires, en favorisant la réaction allergique. Ainsi, les particules fines, l’ozone, les oxydes nitriques et autres composés organiques volatils altèrent les muqueuses respiratoires et augmentent leur perméabilité. L’ozone agit notamment en abaissant le seuil de réactivité bronchique, ce qui provoque une réaction pour des concentrations polliniques qui, en son absence, n’entraineraient pas (ou peu) de symptômes1, 2.
Véritables enjeux de santé publique mondiaux, le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique impactent de façon significative la survenue de maladies allergiques respiratoires. Dans la continuité de la COP21 et de l’accord de Paris sur le climat, des actions sont à mettre en œuvre afin de contenir l’élévation des températures, d’augmenter la capacité des pays à s’adapter au réchauffement climatique et de limiter l’émission des gaz à effet de serre. L’ensemble de ces mesures a pour objectif commun le maintien de notre santé respiratoire.
Augmentation de la prévalence des pathologies allergiques respiratoires (rhinite saisonnière et asthme) : près de 30% des adultes
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