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Ouvert sur l’environnement extérieur, l’œil est largement exposé aux allergènes aéroportés.
Si à l’heure actuelle 15 à 20 % de la population mondiale est atteinte d’une maladie allergique, les derniers chiffres estiment qu’environ 40 à 60 % de ces patients sont gênés par des symptômes oculaires qui contribuent de façon significative à l’altération de la qualité de vie.1
On parle d’allergie oculaire en cas de pathologie due à une sensibilisation allergénique avec atteinte oculaire localisée, isolée ou associée à une rhinite.1, 2 D’un point de vue terminologique, l’allergie oculaire comprend plusieurs affections différentes sur le plan clinique qui peuvent être considérées comme des troubles d’hypersensibilité de la surface oculaire.1, 2
À ce titre, l’Académie Européenne d’Allergologie et d’Immunologie Clinique (EAACI) a publié au début des années 2000 une terminologie réactualisée qui propose une distinction entre réaction d’hypersensibilité allergique et réaction d’hypersensibilité non-allergique. Les maladies allergiques sont ensuite réparties selon leur mécanisme d’hypersensibilité (IgE médiée ou non IgE médiée).1-4 Parmi ces réactions d’hypersensibilité, notons que la kérato-conjonctivite vernale (KCV) fait intervenir à la fois des mécanismes immunologiques médiés ou non par les IgE.3, 4
La KCV est une affection inflammatoire chronique bilatérale invalidante, largement sous-estimée, qui touche principalement les garçons entre 4 et 12 ans.1 L’incidence et la forme de la KCV varient selon les régions géographiques ; ainsi, la forme limbique prédomine dans les pays d’Afrique centrale et australe, tandis que la forme palpébrale est plus fréquente en Europe et dans les pays occidentaux.1, 4
La KCV se caractérise par des yeux rouges, une photophobie et un prurit majeur.1, 4 Les enfants peuvent se plaindre d’une sensation de corps étranger, comme un grain de sable dans l’œil. Des lésions cornéennes peuvent également apparaître (kératite ponctuée superficielle, ulcère cornéen, plaque vernale) et laisser de graves séquelles.3, 4 L’ensemble de ces symptômes impacte considérablement la qualité de vie des enfants (isolement social, trouble de l’attention, déscolarisation).3 Heureusement, le plus souvent, cette affection s’atténue à l’adolescence.1
À l’heure actuelle, les options thérapeutiques disponibles pour la prise en charge de la KCV sont multiples. On distingue ainsi des mesures environnementales, l’utilisation de médicaments topiques anti-allergiques et anti-inflammatoires, des traitements immunomodulateurs ou d’éventuels actes chirurgicaux.4, 5 De récents travaux ont également montré qu’une biothérapie par anticorps anti-IgE pouvait être efficace dans la prise en charge des formes réfractaires.6
Dans la majorité des cas, l’allergie oculaire est prise en charge par le médecin généraliste.7
Toutefois, les formes les plus sévères telles que la KCV nécessitent une collaboration étroite avec l’ophtalmologue et l’allergologue. En effet, seul l’ophtalmologue peut établir le diagnostic clinique de l’atteinte oculaire, identifier une éventuelle complication nécessitant un traitement immédiat, décider de la mise en place d’une corticothérapie locale et en suivre l’évolution.3 L’allergologue peut jouer également un rôle essentiel dans la gestion de ces affections : il effectue une évaluation de l’allergie, analyse la pertinence des sensibilités identifiées et décide de la mise en place d’un traitement spécifique tel qu’une immunothérapie ou une éviction allergénique.3 Enfin, il est également primordial d’établir une relation de confiance avec les parents, afin d’améliorer l’observance, d’éviter un mésusage du traitement et d’encourager la poursuite d’activités quotidiennes pour les enfants.5
Cas clinique portant sur la collaboration entre un allergologue et un ophtalmologue pour une meilleure prise en charge d’un patient allergique.
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