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Thérapies complémentaires ou alternatives, médecines douces, parallèles ou non-conventionnelles… Il existe aujourd’hui un nombre considérable de pratiques qui sortent du champ de la médecine conventionnelle. D’un point de vue étymologique, notons qu’en France, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a retenu l’appellation « Médecines Alternatives et Complémentaires (MAC) ».1 Et ces pratiques varient des thérapies biologiques à base de produits naturels (phytothérapie…) aux thérapies manuelles (ostéopathie…), en passant par les approches corps-esprit (hypnose…) et les systèmes complets (acupuncture, homéopathie…).1 Ainsi, à l’heure actuelle, l’Organisation Mondiale de la Santé recense plus de 400 pratiques thérapeutiques appartenant aux MAC. 1
Mais si ce nombre ne cesse d’augmenter et que les pratiques se diversifient de plus en plus, il semble important de préciser que seules 4 MAC sont officiellement reconnues par le CNOM : l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie et l’ostéopathie. 1 Arrêtons-nous donc quelques instants sur la place de l’acupuncture dans la prise en charge de la rhinite allergique.
En 2010, l’UNESCO a inscrit l’acupuncture au patrimoine immatériel de l’humanité. L’UNESCO définit l’acupuncture comme un art thérapeutique qui élabore son raisonnement diagnostique et thérapeutique sur une vision énergétique Taoïste de l’Homme et de l’Univers. C’est un art thérapeutique, la manière de pratiquer l’acupuncture pourra varier d’un praticien à un autre, même si le socle des connaissances reste globalement commun. On peut ainsi concevoir que les résultats puissent varier en fonction des pratiques. L’acupuncture correspond au Zhen Jiu qui signifie l’art des aiguilles de métal et de la moxibustion. En effet, la stimulation des méridiens en des points précis peut être réalisée par chauffage (moxibustion), avec des aiguilles d’acupuncture (du latin acupunctura : aiguilles et piqûres). 2 Les méridiens sont des canaux, interconnectés, par lesquels circule l’énergie vitale du corps. Cette circulation assure l’homéostasie, l’équilibre interne. L’acupuncture vise à rétablir cet équilibre et traiter certaines maladies qui résulteraient d’un déséquilibre au sein de ce système de régulation de l’énergie vitale.3
Et ces dernières années, la communauté scientifique a beaucoup étudié l’apport de cette technique dans le parcours de soins du patient allergique. De nombreuses études ont ainsi mis en évidence ses effets bénéfiques en termes d’amélioration de la qualité de vie, de diminution des symptômes (rhinorrhée, obstruction nasale, éternuement, prurit) mais également de réduction du recours au traitement pharmacologique.3-5 Des études récentes suggèrent aussi que l’acupuncture pourrait exercer des effets anti-inflammatoires pour prévenir le développement de la rhinite allergique via les systèmes neuroendocrinien et immunitaire.3
Cependant, ces résultats favorables ne permettent pas, pour l’instant, de conclure définitivement sur l’efficacité de l’acupuncture en allergologie. En effet, la grande majorité des travaux réalisés se heurte à certaines limites méthodologiques. Ainsi, la réalisation d’une étude randomisée en double-insu pose le problème du choix du comparateur. Dans certains, ce bras comparateur « placebo » correspond à une acupuncture simulée (les aiguilles sont placées à distance des points d’acupuncture ou ne pénètre pas la peau) ou à un traitement conventionnel médicamenteux mais dans ce dernier cas, l’étude n’est plus en double-insu. 2,6 De plus, la plupart des études ont été menées en Chine et publiées en chinois, leur extrapolation en France dans un cadre différent de prise en charge de la rhinite reste difficile.2 Ensuite, le domaine des MAC est sujet à de fortes croyances de la part des patients, donc la randomisation peut s’avérer compliquée à mettre en place.2 Enfin, l’utilisation de mesures subjectives évaluées par le patient ou encore le soutien psychologique fourni par le médecin sont aussi perçus comme des biais qui fragilisent la pertinence et la robustesse des résultats.
L’acupuncture est actuellement en pleine expansion, en réponse à une méfiance de la population envers les médicaments et leurs effets secondaires. Des travaux complémentaires tenant compte des paramètres discutés ci-dessus restent donc à mener, afin d’améliorer la qualité méthodologique des études et apporter ainsi les preuves d’efficacité qui peuvent manquer pour certains d’entre nous alors que pour d’autres, elles ne seraient qu’une confirmation de la légitimité de cet art millénaire.
La dermatite atopique (DA), également appelée eczéma atopique, est une maladie cutanée inflammatoire. Elle se caractérise par un prurit, une sécheresse cutanée, un érythème, un œdème, une excoriation et une lichénification.
Pr Philippe DEVILLIER Lire PlusÀ l’heure actuelle, l’asthme est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes, touchant près de 360 millions de personnes dans le monde. Ces dernières années, la prévalence et le poids économique de cette maladie, notamment dans ses formes sévères, ont augmenté alors que la mortalité associée tend à diminuer.
Pr Philippe DEVILLIER Lire PlusAnalyse statistique des conversations faites sur le Web.
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