L’histoire
- Louise, 58 ans, artiste peintre depuis une dizaine d’années.
- Aucun antécédent de maladie allergique.
- Vue en consultation suite à l’apparition progressive, au niveau de la paume de la main droite, de lésions prurigineuses squameuses évocatrices d’eczéma qui la handicapent dans l’exercice de son art.
- L’enquête étiologique suggère un eczéma de contact lié aux peintures et solvant utilisés quotidiennement, d’autant plus que ces lésions sont apparues après avoir changé de marque de peinture.
- Le port de gants et un traitement par corticothérapie locale améliorent dans un 1er temps les lésions, mais le port de gants gêne la patiente dans son travail.
- Quelques semaines plus tard, des lésions apparaissent sur la paume de sa main gauche ainsi qu’au niveau de la plante de ses pieds, elle qui a pour habitude de déambuler pieds nus dans son atelier.
- Les lésions sont de plus en plus sévères, accompagnées de fissurations et de douleurs qui prennent largement le pas sur le prurit.
- Malgré plusieurs essais de changement de marques de peinture et le port de chaussures, son état ne fait que s’aggraver.
Démarche diagnostique
- Face à ce tableau clinique, l’avis d’un dermatologue est demandé.
- Diagnostic dermatologique évoqué: psoriasis palmo-plantaire sans autre localisation.
Prise en charge
- Un traitement à base de corticoïdes locaux est instauré.
- Une cure d’homéopathie est également mise en place.
- Compte tenu du retentissement sur l’état général, notamment psychologique, une cure thermale à La Roche-Posay est prescrite d’où la patiente revient améliorée.
Évolution du cas
- Quelques jours après son retour et la reprise de ses activités artistiques, les lésions se sont à nouveau aggravées.
- Sur les conseils d’une amie, 2 ans après le début de ses atteintes cutanées, elle va consulter un acupuncteur.
- 15 jours après la 1re séance, une régression nette de ses lésions est observée.
- Au bout de 3 séances, espacées de 15 jours chacune, les lésions ont totalement régressé, une régression qualifiée de miraculeuse par la patiente.
- Après plusieurs années de recul, aucune récidive de la maladie n’a été rapportée.
Conclusion
- La plupart des cas de DA peuvent être considérés comme bénins, tandis qu’environ 10 % des patients souffrent de lésions cutanées eczémateuses sévères. Ce pourcentage de cas graves semble être plus élevé dans la population adulte. 1
- Dans de nombreux cas, la DA débute dans l’enfance, tandis que les cas graves peuvent persister à l’âge adulte. 1
- Environ un tiers des cas d’adultes se développent à l’âge adulte. 1
- Les lotions hydratantes, les corticoïdes topiques, les antihistaminiques H1 et les inhibiteurs de la calcineurine sont principalement utilisés pour le traitement des patients atteints de DA. 1, 2
- La médecine traditionnelle chinoise, notamment le recours à l’acupuncture, peut être considérée comme une option de traitement chez ces patients. 2, 3
- L’acupuncture peut permettre de diminuer la sévérité des symptômes et d’améliorer la qualité de vie des patients. 2
- Des études complémentaires restent à mener avant de pouvoir conclure quant à l’efficacité de l’acupuncture dans la prise en charge de la DA. 2
En pratique
Cette histoire clinique, à défaut de montrer selon les critères de la médecine fondée sur les preuves l’efficacité de l’acupuncture, suggère toutefois que le recours à cette pratique peut conduire, dans certaines situations qui peuvent sembler sans issue pour les patients, à des résultats très intéressants. Il est intéressant de noter, comme souvent, que le bouche-à-oreille participe au parcours de soins, hors des sentiers battus, des patients en quête de soulagement de leurs maux qu’ils n’ont pu obtenir de façon satisfaisante par la médecine traditionnelle. Les histoires comme celles-ci, sans en nier l’authenticité, alimentent les espoirs de guérison par des pratiques alternatives, dont certaines sont à juste titre reconnues par l’Ordre des médecins, mais d’autres à tort ou à raison sont qualifiées de charlatanisme. Au-delà de nos convictions, l’essentiel est que les patients trouvent dans ces pratiques le soulagement qu’ils attendent, qui n’est malheureusement pas si souvent au rendez-vous.
Références
- Wollenberg A, Barbarot S, Bieber T, et al. Consensus-based European guidelines for treatment of atopic eczema (atopic dermatitis) in adults and children: part I. J Eur Acad Dermatol Venereol 2018; 32(5): 657-82. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29676534
- Kang S, Kim YK, Yeom M, et al. Acupuncture improves symptoms in patients with mild-to-moderate atopic dermatitis: A randomized, sham-controlled preliminary trial. Complement Ther Med 2018; 41: 90-8. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30477869
- INSERM U669. Évaluation de l’efficacité et de la sécurité de l’acupuncture. 2014. https://www.inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteSecuriteAcupuncture_2014.pdf