Démarche diagnostique
- Hypothèse diagnostique : asthme allergique.
- Le bilan allergologique réalisé a mis en évidence une sensibilisation aux allergènes de chat et de chien, ainsi qu’aux pollens de graminées et aux acariens.
Prise en charge
- Un traitement de fond par corticostéroïdes inhalés (CSI) est mis en place à l’âge de 7 ans.
- Un traitement à long terme par antihistaminiques est instauré pour la prise en charge de la rhinite et de la conjonctivite per annuelles.
- Entre 10 et 13 ans, la jeune fille reçoit également une immunothérapie spécifique avec des extraits d’acariens, dont le bénéfice est partiel.
Évolution du cas
- Départ du domicile familial à l’âge de 19 ans : entrée en classe préparatoire et installation dans un appartement sans animaux domestiques.
- Dans son nouveau cadre de vie, l’asthme d’Aline est mieux contrôlé : traitement par bêta-2-mimétique de courte durée d’action à la demande, pas de réveils nocturnes, aucune exacerbation, séance de jogging 2 fois par semaine…
- Épisodes d’aggravation lors de séjours chez ses parents : recours au traitement CSI/LABA
4 fois/jour, brève hospitalisation à Noël…
- Consultation pneumologique car la jeune femme vient de réussir son concours d’entrée dans une grande école vétérinaire.
- Traitement de fond mis en place : CSI/LABA à dose modérée, antagoniste des récepteurs aux leucotriènes et antihistaminiques.
- Des consultations de suivi sont mises en place :
Consultations
de suivi
|
Observations
|
Traitement
|
8 mois après le début de ses études de vétérinaire |
- Asthme contrôlé
- Pas d’exposition animale significative
|
- Le traitement de fond est maintenu
|
8 mois plus tard |
- En stage depuis 3 mois
- Expositions multiples (chiens, chats)
- Réveils nocturnes 3 fois/semaine
- Traitement à la demande 4 fois/jour
- Dyspnée sifflante à 2 étages
- Épreuve fonctionnelle respiratoire :
- VEMS : 70 % (+ 20 % post-BD)
- VEMS/CVF : 65 %
- NO exhalé : 80 ppb
|
- Augmentation posologique : CSI/LABA à dose maximale
- Adjonction d’un anticholinergique à longue durée d’action
|
2 mois plus tard |
- Hospitalisation en urgence pour exacerbation d’asthme, sans signe de gravité
|
- L’observance thérapeutique semble correcte
- Mise en place d’une corticothérapie systémique
|
1 semaine après sa sortie des urgences |
- Aggravation franche de l’asthme
- Patiente anxieuse
- Bilan biologique
- IgE totales : 350 KU/L
- Éosinophilie sanguine : 0,5 g/L
|
- Mise en place d’un traitement anti-IgE
|
4 mois plus tard |
|
|
Conclusion
- Les animaux domestiques sont responsables de nombreuses allergies, notamment chez les personnes asthmatiques3, 4.
- Pour lutter contre ces allergies, la démarche la plus efficace est l’éviction3.
- Conseils pratiques pour lutter contre la présence de l’allergène et limiter le contact avec la personne allergique3, 4 :
- Limiter la présence de l’animal à l’intérieur
- Lui interdire l’accès aux chambres à coucher, aux canapés et fauteuils
- Retirer les tapis et les moquettes
- Dépoussiérer les meubles avec un chiffon humide
- Laver l’animal toutes les semaines
- Passer l’aspirateur avec un filtre HEPA
- Installer des purificateurs d’air pour limiter les particules allergisantes en suspension dans l’air
- En cas de persistance des symptômes malgré les mesures d’éviction et un traitement pharmacologique adapté, la mise en place d’une immunothérapie spécifique peut être envisagée3.
En pratique
L’asthme allergique est d’une grande fréquence et le rôle des animaux de compagnie les plus habituels est également fréquent, notamment en Europe. L’éviction allergénique qui devrait faire partie de la prise en charge de cette pathologie est peu mise en pratique, en général et encore davantage dans ce contexte particulier. … Ici, chez une patiente atopique, allergique connue, le choix de la profession de vétérinaire est très problématique, assumé malgré une pleine connaissance des risques encourus. Il est responsable de la constitution d’un asthme sévère mal contrôlé, qui a requis l’emploi de la biothérapie anti-IgE
Références
- Fédération des Fabricants d’Aliments Préparés pour Chiens, Chats, Oiseaux et autres Animaux Familiers. https://www.facco.fr/les-chiffres/ (site consulté le 04/10/2018)
- Konradsen JR, Fujisawa T, van Hage M, et al. Allergy to furry animals: New insights, diagnostic approaches, and challenges. J Allergy Clin Immunol 2015; 135(3): 616-25. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25282018
- Lavaud C, Pérotin JM, Dutau G. Allergie aux phanères de chat. Place de l’immunothérapie. Rev Fr Allergol 2013; 53: 119-24. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877032013000468
- de Blay F, Barnig C, Muti D, et al. Allergie au chat et au chien. Rev Fr Allergol 2009; 49(3): 147-55. http://www.em-consulte.com/en/article/206242